Live more with less: les bienfaits d’une consommation raisonnée et raisonnable

Live more with less: les bienfaits d’une consommation raisonnée et raisonnable

ATTENTION: Cet article ne convient pas aux accros du superflu !

Vous êtes sûrement arrivé à un moment de votre vie où vous possédez tout (ou presque) ce dont vous avez besoin. De l’appartement soigneusement meublé aux armoires remplies d’habits dont vous redécouvrez l’existence à chaque changement de saison (vous savez, la petite robe d’été qu’on avait complètement oubliée et qu’on achète en double!). Nous travaillons une vie durant pour nous payer le dernier Iphone, mais en sommes-nous davantage heureux ou du moins satisfaits? 

L’obsolescence programmée de nos appareils nous pousse irrésistiblement à toujours vouloir plus, mais cela a un coût. Non seulement pour notre tendre porte feuille mais également pour notre capital santé.
Prenez le temps de regarder autour de vous et de faire l’inventaire de ce que vous vous êtes acheté durant votre vie. De toutes ces choses qui vous ont procuré du plaisir au moment de leur achat, combien d’entre elles utilisez-vous encore aujourd’hui?

Et maintenant… de combien de toutes ces choses avez-vous besoin, je veux dire réellement besoin aujourd’hui ?
Si je pose toutes ces questions, c’est pour vous amener à réfléchir sur un mouvement qui a pris de l’importance ces dix dernières années: le Minimalisme, qui sera notre préoccupation du jour.
Pour les profanes, il semble judicieux de commencer par une petite définition afin d’éviter tout amalgame musical.
Le minimalisme s’apparente peut-être pour vous à l’absence de biens matériels, ou au fait de vider son appartement afin de ne garder qu’une table, qu’un lit, qu’une chaise pour s’asseoir, une assiette et deux couverts pour manger (oui restons propres). C’est vrai qu’il y a de ça, mais le minimalisme consiste avant tout à faire le vide pour le remplir par quelque chose d’autre. Mais … par quoi donc me direz-vous? Certes… si la pensée minimalisme se veut de contredire Gustave Flaubert en affirmant que le superflu n’est pas le premier des besoins, et en faisant une croix sur l’inutile, le surplus de tout et de rien, que pourrait-on bien mettre à la place?

Considérer le minimalisme comme une simple soustraction d’objets dans notre mode de vie serait en oublier l’intérêt principal. Les minimalistes ne s’efforcent pas d’avoir moins jusqu’à ne plus rien posséder mais de faire de la place pour mettre autre chose. Plus de liberté, de temps, de créativité… Bref, toutes ces expériences immatérielles auxquelles on a accès une fois libéré du diktat de l’achat compulsif. Deux auteurs Joshua Fields Millburn & Ryan Nicodemus sont devenus en l’espace de quelques années, trois livres (Minimalism: Live a Meaningful Life, 2011; Everything That Remains, 2014 et Essential: Essays by The Minimalists, 2015) et un documentaire (« Minimalism » sorti en 2016 et disponible en ligne), les défendeurs de la cause du vivre mieux en achetant moins. Après une brillante carrière en entreprise, ils avaient atteint le tant convoité American Dream. Mais, après avoir travaillé 60 heures/ semaine pour un salaire plus qu’attrayant aussitôt dépensé dans les derniers gadgets à la mode, le sentiment de bonheur lié à la frénésie d’achat laissa rapidement la place à une impression de vide et un état dépressif.

Le minimalisme cherche justement à briser le cercle vicieux du Travailler-Consommer-Travailler-Consommer. C’est un style de vie qui repose sur les expériences, le partage et les relations. Les biens matériels sont seulement présents pour assurer un confort minimum pour bien fonctionner. Il ne s’agit pas de tout jeter ni de plus rien acheter mais de réfléchir à ce qu’on l’on a réellement besoin.

Sans parler de l’empreinte écologique de la sur-consommation, il semble aujourd’hui important de se recentrer sur l’essentiel.
Diverses initiatives ont vues le jour ces dernières années, favorisant une consommation raisonnée et raisonnable. Une nouvelle pratique appelée le Foodsharing visant la consommation modérée (et donc le gaspillage) de nourriture en partageant le surplus prend de plus en plus d’ampleur en Europe, notamment dans les grandes villes allemandes comme Berlin ou Hambourg. Encouragée par l’essor en flèche des réseaux sociaux, l’économie collaborative, reposant sur le partage ou le don de biens s’est imposée dans toutes les strates de notre consommation, y compris l’alimentation. Mais comment ça marche exactement?

Il existe différents sites internet spécialisés dans la récupération et le partage de nourriture comme le site allemand Foodsharing.de grâce auquel plus de 9,2 millions de kg de nourriture ont été sauvés de la destruction. Le principe est simple, on s’inscrit et on devient alors « Foodsharer« . Lorsqu’on a des restes en plus ou que l’on part en vacances et que notre frigo est encore plein, on crée un panier virtuel visible sur la plateforme et on attend que d’autres « Foodsharers » nous contactent pour récupérer notre panier. Le tout gratuitement. Une autre possibilité, récupérer directement les restes non vendus dans les magasins (la plupart du temps des magasins bio comme Bio Company), ou les boulangeries. La condition est d’acquérir le statut de Foodsaver. Pour se faire, l’intéressé(e) doit justifier de son identité(e) (adresse, date de naissance) et passer un petit test en ligne afin de vérifier du caractère sérieux de sa candidature, de son intérêt pour le Foodsharing ainsi que de sa fiabilité. Les Foodsavers sont en effet en première ligne et traitent directement avec les structures intéressées à donner leurs invendus. Après avoir participé à 3 missions avec un autre membre, ambassadeur de la plateforme, il pourra obtenir sa carte de Foodsharing qui lui permettra de la présenter aux magasins associés, lui procurant ainsi un caractère officiel et un gage de confiance. Les commerces ont un accord avec la plateforme et mettent à disposition leur surplus de nourriture à condition que les bénéficiaires laissent les locaux propres. Tout le monde y trouve son compte. Les magasins n’ont plus à s’occuper de la corvée de destruction de la nourriture encore bonne, et les petits portes monnaies peuvent profiter de fruits, légumes, pain de bonne qualité. Le tout permettant ainsi de lutter efficacement contre le gaspillage alimentaire.

  • Et en France alors?

L’initiative se développe aussi petit à petit dans l’hexagone. Expliceat se donne pour mission de développer en France l’initiative allemande Foodsharing.

Leurs actions de sensibilisation sont pensées avant tout pour permettre aux participants une prise de conscience par la pratique et le sourire, notamment en cuisinant d’une manière inédite, et jamais par la « moralisation » qui apparaît inefficace.
Une autre organisation « Gueules Cassées » met en avant dans les supermarchés les produits dits « moches », habituellement écartés de la vente pour des raisons esthétiques bien que parfaitement consommables. Plus de 12 millions de produits ont ainsi été étiquetés et 5000 points de vente se sont connectés à l’offre « Gueules Cassées ». Une autre appli, Optimiam permet d’acheter les invendus en promotion en fin de journée. Tous les jours, via la géolocalisation, les commerçants proposent de délicieux repas qui doivent être sauvés ! 

Choix délibéré, véritable philosophie ou manque d’argent? Quels sont les bénéficiaires de ces plateformes de partage et quelles sont leurs motivations?

Nous sommes allés à la rencontre de Rhea, une berlinoise de 28 ans, pratiquant le Foodsharing depuis 4 ans.

« Une amie m’a parlé du site il y a quelques années. Je participe car ca je suis fière de pouvoir sauver des produits encore bons à la consommation, qui sont seulement jetés parce qu’ils ne sont plus suffisamment présentables pour les étalages. ca permet aussi d’éveiller la conscience des gens, car c’est dingue toute la nourriture qu’on peut jeter alors qu’elle est encore bonne!

J’ai pas mal d’amis qui s’y sont mis aussi. Il y a bien sûr beaucoup d’étudiants qui ont du mal à boucler les fins de mois mais aussi des personnes plus âgées. Beaucoup font ça par conviction anticapitaliste mais aussi parce qu’ils sont contents de pouvoir bénéficier de produits bio de qualité qu’ils ne pourraient pas se payer sinon.

Les gens qui participent à l’initiative du Foodsharing sont super sympas et ouverts. C’est cool d’aller chercher la nourriture avec eux, on passe un bon moment à chaque fois! C’est aussi un bon moyen pour se faire des copains. Des fois il arrive qu’il y ait trop de nourriture et j’en donne aussi à mes voisins, ou des associations de mon quartier à Schöneberg.
Et … oui, on peut dire que pour moi comme pour une grande majorité de Foodsharers c’est avant tout une philosophie! « 

 

Il est évident qu’en vivant dans une société aux valeurs fondées sur la consommation, il n’est pas simple de changer ses habitudes. Nous portons en effet dans nos esprits les valeurs de la société. Mais peut-être qu’en vous délestant de vos possessions et de l’inutile vous vous sentirez plus « léger« , « libre » et désinhibé du passé.

Cultivez l’art de vous simplifier la vie, comme l’indique si bien le titre du livre de Dominique Loreau, votre esprit et porte monnaie n’en seront que plus heureux !

 

 

 

Par Karla Bernat.

 

Quelques liens utiles:

Expliceat: www.expliceat.fr

Site allemand Foodsharing: www.foodsharing.de

Les Gueules Cassées: www.lesgueulescassees.org

Optimiam: www.optimiam.com