Couples modernes: entre monogamie sérielle et relation longue durée.
« J’ai rencontré une autre fille, j’ai envie d’essayer avec elle mais je ne sais pas si on est fait pour être ensemble » nous raconte Nico, berlinois de 38 ans fraichement séparé de sa copine.
« J’ai peur de m’engager, et d’être déçu alors j’attends que le garçon fasse le premier pas. Si il veut une relation sérieuse tant mieux sinon il y en aura d’autres » nous confie Maria, 30 ans.
Nos vies amoureuses n’ont jamais été aussi complexes, d’une part du fait de nos conditions de vies qui diffèrent considérablement de celles de nos parents. Nous voyageons beaucoup, n’accédons à une vie stable qu’au alentours de la trentaine ce qui ne favorise pas la création de couples stables. De plus, les catégories de relations ne cessent d’évoluer et se positionner dans l’une ou l’autre des différentes formes devient de plus en plus difficile si ce n’est délicat. Du simple « One night stand » au « couple en formation » en passant par « Friends with benefits » les définitions sont bien vastes pour définir les relations modernes. Un article de Wenke Husmann paru dans « Zeit magazin » nous décrit le « Casual sex » comme la possibilité pour deux amis ne voulant pas se définir comme couple et n’éprouvant pas de sentiments amoureux l’un envers l’autre de profiter occasionnellement de moments d’intimité. Cette forme de relation apparait être un bon compromis pour les personnes ayant du mal à choisir entre engagement et liberté. Mais ce type de relation fonctionne t’il vraiment ? Il va de soi que des paramètres comme la jalousie, ou bien le développement de sentiments amoureux chez l’un ou l’autre des membres du pseudo-couple risque de rendre la chose des plus compliqué et éventuellement détruire une amitié existante. Nous constatons également que le « Casual sex » se retrouve principalement chez des personnes ayant déjà connus le grand amour ou bien ayant précédemment eu une succession de déboires amoureux, voulant ainsi éviter de retomber dans les schémas conventionnels du couple.
D’autres, se satisfont pleinement de relations « ponctuelles ». Restants ensembles pas plus de quelques mois, ils choisissent la fidélité, attribuant ainsi leur amour à une seule personne sans pour autant envisager de passer leur vie ensemble comme ce fut le cas pour nos parents et grand parents qui se mariaient « pour le meilleur et pour le pire ». Ces « sériels monogames » ont ainsi tendance à se séparer aux premières difficultés rencontrées privilégiant ainsi les bons moments passés ensembles et développant tant bien que mal une relation amoureuse sincère bien que de courte durée. Le thérapeute de couple Klaus Heer, affirme que l’amour est monogame mais que l’homme lui ne l’est pas. La fidélité sexuelle est en effet une illusion, nous sommes tous les jours confrontés à des stimulis de part la publicité, les films, les personnes rencontrées dans la rue qui éveillent en nous un désir sexuel que nous tentons tant bien que mal de réprimer.
L’infidélité étant la première cause de rupture, il convient de se demander si le partenaire unique éternel ne serait pas qu’une illusion d’une époque révolue ? Une relation monogame de courte durée serait elle préférable à une longue histoire d’amour rythmée d’infidélités ? Chaque culture aura sa réponse à apporter à cette question. Lacan, psychiatre et psychanalyste français précise que nos société modernes subissent un profond remaniement où le discours capitaliste, prônant l’idée que l’on peut se défaire du manque, instaure au sein des sociétés patriarcales un idéal de libre choix dans le mariage. Hors selon lui l’amour est lui même du côté du manque et c’est bien ce qui nous fait défaut aujourd’hui. En effet, un autre point important semble être le questionnement permanent sur le bien-fondé de nos choix. A l’heure des nouvelles technologies, des rencontres accélérés par les réseaux sociaux (Facebook, Tinder, Adopte un mec …) il devient de plus en plus facile de « zapper » d’une relation à l’autre avec l’espoir de trouver mieux. Est-ce la bonne personne pour moi? Me suis-je trop rapidement attaché à lui/elle? Peut être que je pourrais trouver quelqu’un qui me corresponde davantage?
Le thème de l’insatisfaction est peut être ce qui caractérise au mieux les difficultés de certains à s’engager.
Mais l’amour est quelque chose qui ne cesse d’évoluer dans le temps, et ce n’est seulement qu’en acceptant les défauts et les erreurs de l’autre que l’on peut construire une relation profonde et stable basée sur la confiance et l’authenticité.
Choisissez votre camp et privilégiez la sincérité !
Rédigé par Karla Bernat.